Elles insistent sur la fréquence des altercations avec forces de l'ordre. Mais pour la Préfecture et la maire de Calais, ces accusations sont "sans fondement".
Les associations Help Refugees, L'Auberge des Migrants, Utopia et Refugee Infobus publient, ce mardi, matin un rapport dénonçant "l'intimidation et le harcèlement" de bénévoles par la police de Calais et Dunkerque.
Ce rapport fondé sur les témoignages de 33 bénévoles établit qu'ils auraient été victimes de plus de 600 incidents de surveillance policière au cours des derniers mois. Des faits qui se traduisent par des contrôles d'identité répétés, des arrestations, des fouilles ou encore des violences physiques et verbales.
Ces associations d'aide aux migrants dénombrent notamment 37 accidents de violence physique où des policiers auraient poussé les volontaires au sol ou les auraient écarté par la force.
Elles dénoncent également des "barrières physiques" construites par les autorités à certaines occasions pour les empêcher d'apporter une aide humanitaire aux réfugiés. Le rapport établi dans le cadre du projet Human Right Observers insiste sur la "systématicité et la persistance du harcèlement des volontaires" à Calais.
Des accusations "sans fondement"
"La simple observation des faits démontre que les associations sont tout à fait libres d'exercer leurs activités à destination de la population migrante sur Calais, dès lors que leur intervention s'inscrit dans le respect de l'ordre public et de la loi", a réagi auprès de l'AFP la préfecture du Pas-de-Calais, qui qualifie les accusations des associations "d'allégations non démontrées".
"Toute personne qui le souhaite peut comme c'est naturel dans un État de droit, saisir l'IGPN (inspection générale de la police nationale) ou le procureur de la République si elle estime être témoin ou victime d'un manquement", ajoute-t-elle.
"Force est de constater, cependant, que les rares plaintes déposées ou les signalements auprès de l'IGPN n'ont conduit jusqu'à présent à aucune condamnation ou mise en accusation d'un policier pour des violences sur des membres d'associations, pas plus que sur des personnes migrantes".
De son côté, la maire de Calais, Natacha Bouchart, s'est associée au Préfet du Pas-de-Calais. Elle dénonce des accusations "sans fondement" et un discours "haineux et diffamants envers les forces de l'ordre" venant d'associations qui "agissent à des fins purement médiatiques et politiques".
Le défenseur des droits saisi
Si les associations dénoncent régulièrement des "violences policières" envers les migrants, officiellement entre 350 et 400 sur le Calaisis dans l'espoir de passer clandestinement en Grande-Bretagne, c'est la première fois qu'elles publient un document centré sur le harcèlement qu'elles disent subir.
Face à "l'indifférence du parquet de Boulogne-sur-Mer", les associations annoncent avoir saisi le défenseur des droits pour qu'il "fasse avancer diplomatiquement les choses", explique à l'AFP Eléonore Vigny, chargée du plaidoyer pour l'Auberge des migrants.
"C'est une autorité indépendante qui va pouvoir demander des comptes à l'administration et enquêter", assure-t-elle, espérant, notamment, que les services du défenseur des droits organisent une visite sur place sur ce sujet en particulier.